HISTORIQUE

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En 1892, Madame PELLEGRIN, veuve du propriétaire du Café du Jardin à Granvelle, dit « Casino du Jardin », souhaite construire à cet emplacement un cirque (le Grand Kursaal) et une brasserie (le corps de bâtiment abritant actuellement la salle Proudhon)  avec salle de jeux : le KURSAAL (de l’allemand « salle de cure », et par extension lieu de distraction pour les curistes des villes d’eaux).
S’étant lancée dans ce projet ambitieux pour distraire les Bisontins, les curistes et les militaires en poste à Besançon et elle fait donc raser le café, achète les terrains d’une superficie 2 200 m² dont elle était locataire et en Janvier 1893, les travaux débutent.

Kursaal. Cirque et Ecole municipale de dessin. Dans le jardinet, monument élevé en 1910 au peintre Chartran.

Des plans datés de 1895 précisent le nom des deux architectes en charge du chantier : Louis GARIN à Besançon et Claude PORTE à Lyon. Les façades réalisées en pierre de taille, mais aussi en brique, sont ornées d’une colonnade de pierres roses à balustrade, de chapiteaux frappés d’une lyre, d’une frise géométrique de couleur sous les fenêtres, ainsi que d’écus et de cartouches qui devaient recevoir des sculptures (non réalisées) et de carreaux vernissés à motif floraux.
Ce type de bâtiment est très en vogue à la fin du XIXe siècle en Allemagne, dans l’Est de la France ainsi qu’en Suisse et en Italie du Nord.

Peinture du plafond du Grand Kursaal créé par M. Bardey.

Il est basé sur une architecture thermale (introduction du fer dans la structure porteuse de l’édifice, goût prononcé pour l’éclectisme et pour l’architecture polychrome). C’est une manière caractéristique de traiter les édifices, évocatrice d’un certain art de vivre et du goût de la fête.
Un peintre Lyonnais, BARDEY exécute le décor dans la grande salle (signé et daté de 1893) représentant des grotesques et des motifs antiquisants, mêlés à des personnages et des accessoires de cirque.

Le Kursaal-Cirque est inauguré en grande pompe fin 1893, mais les locaux et les toitures ne sont pas achevés en totalité.
La particularité de cet équipement était de posséder un plancher amovible ; pour les spectacles de cirque il fallait le démonter et installer les gradins autour de la piste.

Cependant deux ans plus tard, Madame PELLEGRIN, qui s’était endettée pour la construction du bâtiment, doit vendre le Kursaal, au grand soulagement des cafetiers alentour à qui la brasserie faisait concurrence.

L'Est Républicain (Bernard Faille). 1958, Boxe Lombardet - Mondino au Kursaal.

La Ville qui ne possédait pas de salle vouée au cirque, ainsi qu’aux variétés et manifestations diverses, le rachète le 14 Mars 1895 et en fait une salle des fêtes. Toutefois cette dernière décide de fermer la brasserie pour ne pas faire de concurrence aux cafetiers. La municipalité entreprend des travaux dans l’actuelle salle Proudhon pour accueillir l’école municipale de musique et l’école des Beaux-arts.
Durant plusieurs décennies (et entre les deux guerres) se succéderont bals, banquets, galas de charité, soirées sportives (gymnastique, combats de boxe/catch –en vogue dans les années 30-), théâtre, cinéma, réunions politiques. En 1919, l’appellation « KURSAAL » est transformée en « Salle des Variétés ».
Réquisitionné par l’Armée en 1940, il retrouve après la guerre son nom d’origine et ses diverses activités.
Au fil des ans, la salle vieillit : en effet, le vieux parquet amovible supporte de moins en moins les montages/démontages répétés, les deux balcons ne supportent plus aucune surcharge, il faut donc les interdire.

L’Est Républicain (Bernard Faille). 1982, inauguration du Kursaal.

C’est la mort dans l’âme que le Conseil Municipal décide de le fermer en 1965 pour cause d’insécurité. Les Elus de l’époque s’interrogent ; faut-il détruire et reconstruire un nouveau bâtiment ? Faut-il le raser et le remplacer par un parking ? Faut-il le moderniser, le restaurer ? Les avis sont très partagés, le sujet fait débat.
C’est seulement en 1979 que Robert SCHWINT (Maire de Besançon) et son Conseil Municipal procèdent à une rénovation complète du bâtiment et à la création en sous-sol d’une salle de conférence de 350 places qui deviendra le futur Petit Kursaal (en 1893, il était l’étable pour les animaux du cirque).
Après une fermeture de 17 ans et 3 ans de travaux, il renait (enfin !) en Septembre 1982. Un effort particulier a été fourni pour que ce dernier garde son originalité et son cachet d’antan.